Indépendant en maladie de longue durée ? Vous n’êtes pas livré à vous-même

Le nombre d’indépendants en incapacité de travail a augmenté de près de 80 % en 20 ans, passant de 16 155 en 2000 à 28 913 fin 2020. Ces chiffres contrastent fortement avec l’image que l’on a des indépendants : ils sont énergiques, entreprenants et dynamiques. Ils sont leur propre patron et ont plus de liberté. Ils doivent donc être plus heureux. Pas vrai ?

Le fait qu’un nombre croissant d’indépendants intègre chaque année le marché de l’emploi laisse en effet supposer que bien des avantages sont liés à ce statut. Aujourd’hui, notre pays compte plus de 1,2 million d’indépendants en activité complémentaire ou principale. Certains sont presque littéralement nés entrepreneurs ; d’autres sont passés du statut de travailleur à celui d’entrepreneur à un âge plus avancé. En ce qui concerne ce dernier groupe, 7 personnes sur 10 se disent plus heureuses aujourd’hui que lorsqu’elles étaient salariées.

Par ailleurs, 8 indépendants sur 10 déclarent avoir suffisamment confiance en eux. Les crises se sont enchaînées, et ils ont tenu bon. Malheureusement, on ne peut pas ignorer que, dans toutes les strates du marché de l’emploi, de plus en plus de personnes actives décrochent. L’évolution du nombre de personnes en incapacité de travail est sans équivoque.

Où le bât blesse-t-il ? Ce n’est un secret pour personne : le bien-être mental des travailleurs comme des indépendants est mis à rude épreuve. Jamais auparavant on n’avait rapporté autant de plaintes liées au stress et au burn out, de dépressions et de troubles de l’anxiété. Dans notre Baromètre du bien-être, 49 % des entrepreneurs déclarent que leur bien-être mental est « modéré ». 45 % des indépendants ressentent régulièrement du stress financier. Seul 1 sur 3 (32 %) estime que son bien-être mental est « bon » en ce moment.

Comment rendre les indépendants plus robustes ? Ils n’ont pas d’employeur, reçoivent moins d’aide (financière) et disposent généralement d’un filet de sécurité sociale plus réduit. S’ils tombent malades, ils doivent pouvoir se débrouiller seuls. Jusqu’à récemment, ils ne pouvaient pas se contenter de reprendre le travail une fois remis sur pied : ils devaient d’abord recevoir l’approbation du médecin-conseil de la mutuelle.

Depuis le 1^er janvier 2023, cette approbation n’est plus nécessaire. Pour offrir davantage de flexibilité aux indépendants – autre moteur les incitant à devenir entrepreneurs –, ce régime a été harmonisé avec celui des travailleurs. Une fois qu’ils se sentent mieux, les indépendants peuvent tout simplement reprendre le travail. À condition d’en informer le médecin-conseil au moins un jour à l’avance.

En outre, ils n’ont pas à être livrés à eux-mêmes dans leur retour au travail. Les indépendants en incapacité de travail et dont l’état de santé physique et mentale permet une réinsertion peuvent entrer en ligne de compte pour un trajet Retour au travail. Au cours de ce trajet volontaire, ils sont guidés dans leur retour sur le marché de l’emploi après une période d’incapacité de travail.

Vous êtes actuellement en incapacité de travail et souhaitez intégrer ce trajet ? Alors, remplissez le questionnaire que vous recevez 10 semaines après le début de votre période de maladie. Quatre mois après le début de votre période de maladie, le médecin-conseil de votre mutuelle jugera si vous répondez ou non aux conditions du trajet. Si vous êtes suffisamment rétabli, le médecin peut vous rediriger vers un coordinateur Retour au travail.

Par ailleurs, il est essentiel de continuer à miser sur la prévention. Aussi bien les indépendants actuellement en incapacité de travail que ceux encore en activité ont tout intérêt à renforcer leur santé mentale. Mais comment faire ?

Si vous savez ce qui vous rend vulnérable, vous pouvez apprendre à le gérer et à réagir de façon appropriée aux facteurs de stress. C’est précisément la raison pour laquelle il est nécessaire de comprendre vos facteurs de risque. Quelles sont vos faiblesses, qu’est-ce qui vous rend fort ? Réfléchissez aux thèmes suivants :

• Relations professionnelles : comment gérez-vous les clients (difficiles), les partenaires et/ou les fournisseurs ? À qui ouvrez-vous votre cœur ?
• Équilibre vie professionnelle-vie privée : comment faites-vous la part des choses ? Parvenez-vous à vous déconnecter suffisamment du travail ?
• Équilibre affectif : votre travail vous apporte-t-il encore de la satisfaction ? Qu’est-ce qui vous procure de l’énergie ?
• Équilibre financier : comment gérez-vous l’incertitude financière ? À quelles mesures d’aide avez-vous droit ?

Vous voulez augmenter votre résistance mentale, mais ne savez pas comment vous y prendre ? Ne vous inquiétez pas : pour cela non plus, vous n’êtes pas livré à vous-même. Acerta a lancé récemment, avec le soutien des autorités fédérales, le projet « Indépendant sans stress ». L’objectif de ce projet est de renforcer le bien-être mental des entrepreneurs belges.

Le selfscan, que nous avons développé en collaboration avec le service de prévention externe IDEWE, constitue la base de ce projet. Il donne une vision approfondie de vos facteurs de risque. Nous pouvons partir de là : des modules de prévention adaptés vous sont proposés, sous la forme d’e-learnings, de conseils en ligne et d’ateliers. Et comme le temps non seulement guérit les blessures, mais est aussi une denrée précieuse, vous pouvez décider quels ateliers vous suivez et quand.