Êtes-vous prêt pour la directive sur les lanceurs d’alerte ?
La date limite pour la mise en place d’un canal de signalement interne pour les entreprises de moins de 250 travailleurs approche à grands pas
La loi transposant la directive européenne relative aux lanceurs d’alerte dans la législation belge pour les entreprises privées est entrée en vigueur le 15 février 2023. Elle prévoit la mise en place obligatoire d’un système de signalement pour les organisations comptant au moins 50 travailleurs. Les organisations de 250 salariés ou plus devaient, quant à elles, être en ordre à ce niveau pour le 15 février 2023. Les entités juridiques occupant de 50 à 249 travailleurs ont jusqu’au 17 décembre 2023 pour mettre en place un système de signalement interne. La date limite approche donc à grands pas. À quoi devez-vous vous préparer exactement en tant qu’employeur ? Voici les grandes lignes de la directive relative aux lanceurs d’alerte.
La directive sur les lanceurs d’alerte en bref
Lorsqu’une personne met en lumière des abus au sein de son (ancienne) organisation, on parle de « lanceur d’alerte ». La nouvelle législation introduit l'obligation de mettre en place des canaux de notification (système de signalement) permettant la détection précoce et le traitement des infractions à une certaine législation au sein des organisations privées, tout en offrant une protection efficace aux lanceurs d’alerte.
Le lanceur d’alerte peut être un (ex-)travailleur, un candidat à un poste, un bénévole, un stagiaire ou un indépendant actif dans l’entreprise, un actionnaire ou un administrateur, mais également une personne travaillant sous la supervision et la direction d’entrepreneurs/de sous-traitants et de fournisseurs, etc.
Infractions
L’auteur d’un signalement ne bénéficie d’une protection que s’il signale une infraction aux législations suivantes :
- marchés publics ;
- services, produits et marchés financiers, prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme ;
- sécurité et conformité des produits ;
- sécurité des transports ;
- protection de l’environnement ;
- radioprotection et sûreté nucléaire ;
- sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux, santé animale et bien-être des animaux ;
- santé publique ;
- protection des consommateurs ;
- protection de la vie privée et des données personnelles, et sécurité des réseaux et des systèmes d’information ;
- lutte contre la fraude fiscale ;
- prévention de la fraude sociale ;
- intérêts financiers de l’Union européenne ;
- infractions relatives au marché unique européen.
Canaux de signalement internes et externes
La loi impose notamment aux organisations et au gouvernement d’installer des canaux de signalement qui répondent à certaines exigences pour garantir la confidentialité de l’identité de l’auteur du signalement et le suivi impartial d’un signalement.
Les organisations avec au moins de 50 travailleurs doivent mettre en place un système de signalement interne, après concertation avec les partenaires sociaux, et tenir un registre de chaque signalement reçu. Le canal de signalement devra répondre à plusieurs exigences (notamment en matière de sécurité, de confidentialité, d’information, de rigueur et d’impartialité) et règles de procédure.
Ainsi, les lanceurs d’alerte devront pouvoir faire part de leurs préoccupations par écrit (en ligne, par courrier, etc.) ou oralement (par exemple, par téléphone ou en personne), par le biais d’un système interne ou externalisé. Les entreprises devront désigner une personne ou un département impartial(e) compétent(e) pour le suivi des signalements dans certains délais.
En outre, le canal de signalement interne doit, par sa conception, sa mise en place et sa gestion, protéger de manière sûre la confidentialité de l’identité de l’auteur du signalement et de tout tiers cité dans le signalement. Le personnel non autorisé ne doit pas y avoir accès.
En tant qu’employeur, vous devrez également veiller à des informations claires et accessibles sur les canaux de signalement disponibles à vos propres travailleurs (par exemple, via le règlement de travail), mais également à des tiers tels que des prestataires de services externes.
Pour les organisations de 250 employés ou plus, ce canal de communication interne doit être mis en place avant le 15 février 2023.
Les entités juridiques comptant entre 50 et 249 travailleurs ont plus de temps, à savoir jusqu’au 17 décembre 2023, pour mettre en place un canal de signalement interne.
Par ailleurs, le législateur a récemment désigné des autorités chargées d'établir des canaux de signalement externes indépendants et autonomes pour la réception et le traitement d’informations sur des infractions. Les organismes qui agiront en tant qu'autorités compétentes pour recevoir des rapports externes sur des violations spécifiques dans le cadre de la loi sur lanceurs d’alerte pour le secteur privé sont principalement divers services publics fédérals et d'autres organismes publics, y compris l'INAMI, l'ONEM, l'ONSS et le SIRS. Ils seront chargés d'enquêter et de contrôler les rapports et pourront imposer d'éventuelles sanctions. Le Médiateur fédéral sera chargé de coordonner les signalements externes dans le secteur privé et fera office d'autorité "par défaut".
En dernier recours, l’auteur du signalement aura également la possibilité, sous certaines conditions, de rendre l’information publique.
Protection
Lorsqu’un lanceur d’alerte signale une infraction à la réglementation dans des domaines tels que les marchés publics, les services financiers, la protection de l’environnement, la santé publique, etc., il bénéficie également, dans des conditions concrètes, d’une protection contre des représailles au sens large du terme. Par exemple, la protection contre le licenciement, mais aussi la suspension, la rétrogradation, le refus de promotion, le harcèlement ou l’exclusion, la discrimination ou le traitement défavorable, la rupture prématurée ou la résiliation d’un contrat de fourniture de biens ou de services, etc.
Les mesures de protection s’appliquent également à toutes les personnes liées aux auteurs de signalement (par exemple, les collègues, les membres de la famille ou les personnes qui assistent l’auteur du signalement) et pouvant faire l’objet de représailles dans un contexte professionnel.
Deadlines en vue, prenez action aujourd'hui
La loi est entrée en vigueur le 15 février 2023 (deux mois après sa publication au Moniteur belge). Les organisations de 250 travailleurs ou plus devaient déjà avoir mis en place un canal de signalement interne à cette date. Les entités juridiques occupant de 50 à 249 travailleurs ont, quant à elles, jusqu’au 17 décembre 2023 pour le faire.
Votre organisation peut toutefois déjà se préparer à la transposition de la directive. Par exemple, réfléchissez dès maintenant si vous souhaitez conserver le processus de signalement en interne ou si vous voulez l’externaliser. Quelle politique souhaitez-vous adopter au sein de l’entreprise et comment allez-vous rendre publiques les informations sur les canaux de signalement ? N’oubliez pas de vous concerter à ce sujet avec les partenaires sociaux.
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Écrit par
Conseillère juridique